mercredi 31 décembre 2008

L'eau à Kernoble avant l'adduction

Le pont Goachet et l'ancien lavoir.

Le quartier de Kernoble a reçu "l'eau du bourg" à
la fin des années 1960. Jusqu'alors les familles avaient recours aux puits, fontaines, lavoirs et ruisseaux pour leurs divers besoins.

La famille Goachet disposait d'un puits dans la cour, devant la maison ; mais son eau avait mauvais goût. Aussi toute l'eau à usage alimentaire était puisée à la fontaine de Trébaol et rapportée à travers champs dans des brocs. Des marches sommaires avaient été construites dans le talus en bordure de la route vicinale 8, en face de la sortie de la cour de la ferme. Elles permettaient une descente depuis le champ surélevé sans risque de renversement des brocs.


L'eau du puits dans lequel on descendait un seau servait donc à abreuver les bovins et les chevaux et pour la pâtée des cochons. Elle était aussi utilisée pour se laver et faire la lessive bien entendu. Ce puits a été désaffecté et bouché lorsque l'adduction a été réalisée.


Le bétail et les chevaux s'abreuvaient également au ruisseau (de Kervéré) en contrebas de la ferme. Les grandes lessives y avaient lieu aussi. Jean Goachet construisit un petit pont sur le gué. Il l'équipa d'une vanne en amont, à l'entrée du passage d'eau; elle créait une retenue, surtout en été, pour les bêtes. A la sortie du pont il réalisa un lavoir, muni également d'une vanne.


Ce lavoir avait l'avantage d'être en eau vive, contrairement aux lavoirs de fontaines dans lesquels le courant était presque nul ; le rinçage du linge en était facilité.


En remontant la route vicinale, au pignon Est de la maison de la famille Nédélec, on peut observer un puits à demi caché dans les ronces. C'est le seul visible à Kernoble pour le passant.


La famille d'Yves Saliou qui occupait la vieille maison (maintenant rénovée) un peu plus haut, à gauche, utilisait couramment une source et un lavoir. Cette source, qui alimentait le lavoir, était celle du ruisseau qui reçoit aussi l'eau de la fontaine de Trébaol. Cet équipement était situé dans une petite prairie vers Trébaol ( en contrebas de la maison de la famille Tartu). Un chemin y menait depuis la maison. Mais il y avait aussi un puits derrière celle-ci.


La famille Pelleau disposait d'une citerne recueillant l'eau pluviale depuis le toit de la maison. Elle était située au bord de la route, contre le mur de la cuisine. Sa présence entretenait de l'humidité dans ce mur. Il fallait sortir pour puiser l'eau de la citerne. Il y avait aussi un puits dans la cour à l'autre bout de la maison. Un abreuvoir était placé à côté pour les bêtes. Celles-ci étaient aussi parfois conduites au gué en aval du moulin de Kélaret.


La famille Tréguier, leurs voisins immédiats de l'autre côté de la vicinale, possédait aussi une citerne et un puits. Construite au Sud de la maison, contre son mur (humidité encore) et celui de l'étable,elle avait une contenance de 8000l et recevait l'eau ruisselant sur le toit de l'habitation, sans filtrage. Elle servait essentiellement pour l'alimentation car l'eau du puits situé sous la grange était régulièrement souillée (infiltration de purin et des eaux usées de la "cuisine des cochons" placée juste à côté). D'abord équipé d'un cylindre à manivelle, le puits reçut ensuite une pompe. En cas d'assèchement de la citerne, on attelait la tonne de 800l et on se rendait à la source de Saliou.


Pour les lessives, les familles Pelleau et Tréguier se rendaient aussi au lavoir utilisé par les Saliou, de préférence les mêmes jours pour avoir de la conversation et échanger des nouvelles. Ce lavoir fut couvert de quelques feuilles de tôle, une réalisation bien appréciée par les lavandières.


Ce point d'eau servait également à abreuver les vaches des trois familles. En profitaient-elles pour papoter aussi ?


L'abreuvement des bêtes pouvait poser problème certains étés. Les vaches des Tréguier, ainsi que leurs voisines, devaient parfois se rendre juste avant La Haie, à la fontaine du lavoir près du chemin maintenant obstrué, à droite, ou même au ruisseau suivant près de Ménézic Guen.
Il y avait le cycle pâture /eau/"prison"(enclos)/pâture/eau ; plus les traites bien sûr.


L'installation de l'eau "au robinet" fut un grand soulagement. Que de corvées supprimées ! Avec une eau de bonne qualité ...





Merci à Anne Mao, Marianne et Joseph Tréguier pour leurs témoignages.











Source / Stivell (1).

Il y a longtemps, très longtemps, une fée nommée Source, assise au pied d'un vieux chêne, se lamentait. Autour d'elle le soleil brûlant de l'été avait jauni le moindre brin d'herbe. La grande prairie, autrefois si verte et toute fleurie, avait pris la couleur ocre de la terre devenue poussière.






Source, la fée aux cheveux couleur de blé, était de jour en jour de plus en plus triste. Ses grands yeux d'un bleu intense s'emplissaient de grosses larmes. Au matin d'une journée qui s'annonçait encore chaude, une magnifique perle mouillée roula sur sa joue pâle et vint s'éclater sur le sol. L'énorme goutte aussitôt imprégna la terre sèche. Une seconde larme suivit, puis une troisième... Des milliers de larmes s'enfoncèrent jusqu'aux plus profondes racines du vieux chêne qui frémit de plaisir.


Bientôt une flaque apparut en surface dans la grande prairie, un minuscule ruisseau s'en échappa, un doux murmure redonna vie à la terre. En grandissant le ruisseau courut bien loin jusqu'à l'horizon, puis il devint rivière. La rivière à son tour parcourut bois et forêts. Rien ne pouvait l'arrêter ; l'eau était fraîche et claire, les rayons du soleil la faisaient scintiller. Eblouis, oiseaux et libellules se penchaient sur l'onde pure pour se désaltérer ; leur image se reflètait dans la transparence, tantôt bleutée, tantôt argentée.


Un jour, joyeuse et bondissante, la rivière atteignit enfin la mer. Alors ses eaux douces se mêlèrent délicatement au sable et au sel. Soudain un violent orage éclata, la pluie se mit à tomber encore et encore, la terre fut inondée.






Au loin, très loin, du côté des collines au pied du vieux chêne, Source / Stivell la fée avait compris qu'il suffisait de pleurer à chaudes larmes pour redonner vie à la terre. Ses larmes de tristesse s'étaient bien vite transformées en larmes de joie et la petite fée se mit à chanter. Son chant n'était plus une complainte, mais un gazouillis de sons cristallins, une mélodie à nulle autre pareille, très agréable encore de nos jours aux oreilles de tous les enfants du monde qui ont la chance de pouvoir l'écouter.
A suivre ...

mardi 30 décembre 2008

L'interconnexion des réseaux d'adduction d'eau

Quel est le lien entre ces lieux-dits : Vénéguen, Pont Quéau, Baniguel, Pont ar Bled ? Savez-vous où ils se trouvent ?

A première vue aucune relation. Et pourtant ...

Vénéguen est un lieu-dit juste à l'extérieur du bourg de Milizac, sur la route de Kerivot, à gauche. Il y a là un captage d'eau déclassé et un forage non exploité. Mais cet équipement peut reprendre du service au besoin ; ce fut le cas durant l'été caniculaire de 2003.

A Pont Quéau, sur la route de Bourg Blanc, à gauche avant Tréléon, se trouve la seule ressource en eau de la commune exploitée de manière continue. Un captage et un forage fournissent les 3/4 des besoins des habitants de Milizac. Un premier lien est donc établi.

Le château d'eau du bourg reçoit l'eau de Pont Quéau, mais aussi de l'eau de l'usine du Syndicat mixte des eaux du Bas-Léon affermée à la Lyonnaise des Eaux. Cette station de potabilisation des eaux de surface de L'Aber Wrac'h les puise au lieu-dit Baniguel. Voilà un second lien d'établi.

C'est maintenant qu'intervient l'interconnexion entre usines de production d'eau potable. Une canalisation relie l'usine de Kernilis à celle de Pont ar Bled située sur l'Elorn en amont de Landerneau et affermée à Véolia. Chacune peut s'approvisionner chez l'autre en cas de besoin. Cette interconnexion est activée régulièrement dans les deux sens pour vérification et sécurité. Elle est aussi mise en service en cas de pénurie d'eau sur la côte du Bas-Léon, l'été, lorsqu'un afflux de population fait monter la consommation. Elle fut donc activée pendant l'été 2003 notamment.

Le château d'eau de Milizac peut alors recevoir de l'eau potabilisée de l'Elorn ! Et c'est le troisième lien entre les lieux-dits.

L'interconnexion est un atout certain en cas de pénurie d'eau dans un secteur ou de défaillance de l'une des usines. Cette facilité peut également inciter des communes à ne pas se rendre aussi indépendantes et autosuffisantes que souhaitable en matière de ressource en eau.

Pourtant les spécialistes s'accordent pour dire qu'en matière d'approvisionnement en énergies, en denrées ou en eau il n'est jamais très avisé de ne disposer que d'une seule source, d'un seul fournisseur. Il n'est pas non plus très sage de compter en dernier ressort sur une source dans laquelle très nombreux sont ceux qui puisent déjà (Kernilis/Baniguel et pire encore Pont ar Bled) !